Une oreille seule n'est pas un être Claudine Simon

Jeudi 02 avril ı 19:30
Théâtre des Variétés
Before & After
18H - RENCONTRE - Marius Monaco
18H - RENCONTRE - Marius Monaco

avec Claudine Simon, créatrice sonore et pianiste et Bastien Gallet, philosophe, modérée par Tristan Labouret, musicologue

Claudine Simon est une personnalité à part dans le milieu des professionnels des 88 touches. Pianiste et créatrice sonore, elle aime disséquer son instrument et questionner son rôle de musicienne. C’est en quelque sorte ce qu’elle fait avec son complice, le philosophe Bastien Gallet, dans son dernier spectacle commandé par le Printemps des Arts de Monte-Carlo, Une oreille seule n’est pas un être. Et ce n’est pas parce que ces deux créateurs se posent beaucoup de questions qu’on se privera de les questionner davantage pendant cette rencontre, au contraire !

Réservation
19H30 - CONCERT - Théâtre des Variétés
<p><em><strong>Une oreille seule n&rsquo;est pas un être</strong> &#8211; </em>75&prime;</p>
<p>Création mondiale, commande du Printemps des Arts de Monte-Carlo</p>
<p>Production : AURIS, avec le soutien en résidence de création de la vie brève – Théâtre de l’Aquarium, de Césaré-CNCM Reims, du GMEM-CNCM Marseille pour le développement du dispositif électromécaniq</p>
<p><em><strong>Une oreille seule n&rsquo;est pas un être</strong> &#8211; </em>75&prime;</p>
<p>Création mondiale, commande du Printemps des Arts de Monte-Carlo</p>
<p>Production : AURIS, avec le soutien en résidence de création de la vie brève – Théâtre de l’Aquarium, de Césaré-CNCM Reims, du GMEM-CNCM Marseille pour le développement du dispositif électromécaniq</p>
Sans entracte

Une oreille seule n’est pas un être75′

Création mondiale, commande du Printemps des Arts de Monte-Carlo

Production : AURIS, avec le soutien en résidence de création de la vie brève – Théâtre de l’Aquarium, de Césaré-CNCM Reims, du GMEM-CNCM Marseille pour le développement du dispositif électromécaniq

Claudine Simon, création sonore et piano
Manon Xardel, comédienne
Bastien Gallet, livret
Vivien Trelcat, réalisation en informatique musicale
Lucien Laborderie, création lumière

 

21H30 - AFTER - Marius Monaco
21H30 - AFTER - Marius Monaco
Les « After » sont réservés aux détenteurs d’un billet de concert

Claudine Simon, piano

Réservation

Claudine Simon n’est pas uniquement une pianiste. C’est aussi une créatrice sonore d’une inventivité inépuisable, capable de disséquer son instrument et son histoire pour nous inviter à l’écouter différemment. C’est en quelque sorte l’expérience que propose ce spectacle musical et théâtral, commandé par le Printemps des Arts et présenté en création mondiale.

Tarifs concert
Tarif unique
20

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INFOS PRATIQUES
PARKING

Pour les événements en journée, le forfait spectacle « Festival Printemps des Arts » de 6€* s’applique.

Pour les événements en soirée,
le tarif de nuit des parkings de Monaco s'applique à partir de 20h : première heure gratuite puis 0,20€* par tranche de 15 minutes.

* Sous réserve de modifications
Toutes les informations

« … La musique est une partie du théâtre. La “mise au point”, ce sont les aspects qu’on remarque. Le théâtre, ce sont toutes les différentes choses qui ont lieu en même temps. J’ai remarqué que la musique est d’autant plus vivante pour moi quand l’écoute par exemple ne m’empêche pas de regarder. » (John Cage, Silence, 1961)

Un piano de concert attend son interprète. Tout est prêt pour le récital. La pianiste fait son entrée, salue le public, s’approche de l’instrument. Mais, avant de jouer, avant de s’asseoir devant le clavier, avant de frapper le premier accord, il lui faudra ausculter le piano-roi, détailler les méandres de sa mécanique, suivre la ligne qui mène du doigt à la corde, l’énergie qu’un corps transmet à un autre et quel autre corps, imaginaire celui-là, sonore avant d’être musical, nait de ce jeu qu’il faut recommencer soir après soir. Il lui faudra l’ouvrir, y plonger ses mains, en jouer autrement, oublier les touches, pincer directement les cordes, y ajouter accessoires et appareils, le faire muter, mettre en scène et en sons le monstre derrière le roi. Car, avant d’être un instrument, le piano est une machine qui répercute et amplifie le geste, transmet et transforme, galope et foudroie autant qu’il murmure et gazouille. Une machine à former les corps indociles : écarter les doigts, arrondir les voûtes, affermir les muscles, dresser les postures. Moins un instrument qu’un ensemble complexe et mouvant de normes et d’attentes, d’ordres et de fantasmes, de contraintes et de désirs.

C’est cette histoire que raconte Une oreille seule n’est pas un être : celle du piano en tant que corps et imaginaire, comment il matérialisa un ordre musical spécifique (le tempérament) et survécut à son effondrement, comment il fut sans cesse détrôné et réinventé, augmenté jusqu’à en devenir méconnaissable (électrique puis électronique) mais toujours présent et agissant, charriant avec lui un répertoire qui continue de hanter notre monde.

Sur scène, au piano, la pianiste se souvient : de l’émotion si vive qui la traversa quand elle entendit pour la première fois le Concerto sur la petite chaîne de ses parents, du désir qui prit forme peu à peu d’entrer dans cette musique, de faire partie de ce monde inconnu, de produire ces sons, d’entendre l’orchestre déferler sur elle et de lui tenir tête. Puis elle se souvient de ce qu’il lui a fallu apprendre, et pas seulement apprendre, incorporer – gestes, postures, doigtés – pour y parvenir, pour avoir le droit de jouer et d’être écoutée. Elle se souvient de ce dressage. Elle voudrait jouer mais quelque chose l’en empêche : des sons qui semblent venir du piano, émaner de son corps même, comme s’il jouait tout seul depuis son fond secret. Comme s’il essayait de se souvenir de ce Concerto ancien et qu’il ne parvenait qu’à en faire entendre le fantôme. Moins la musique que ses traces oxydées par le temps et la mémoire.

Après l’interprète, c’est au tour du piano de raconter son histoire, d’être le sujet de sa parole sonore. Mais il n’est pas seul. On entend à travers lui, ou derrière lui, d’autres voix : un compositeur qui le prépare (introduisant dans son corps toutes sortes d’objets) avant d’écrire pour lui une œuvre qui transformera nos oreilles autant que l’instrument ; un facteur qui parvient à modifier le fonctionnement de sa machinerie intérieure afin d’augmenter significativement sa palette sonore (mais dont l’entreprise ne rencontre aucun écho) ; un pianiste à la recherche de l’intonation juste qui le réaccorde pour le faire sortir du tempérament égal (et jouer un clavier non tempéré)…

Sur scène, le piano de concert trône toujours mais, derrière lui, un autre piano fait son apparition. Celui-là n’est pas de concert. Il est machine à sons et bruits. C’est lui qui depuis le début les produit et les transforme, c’est de lui que proviennent les voix et leurs histoires. On n’en joue pas depuis le clavier mais en mettant les mains et les appareils dans ses entrailles, en frappant et en frottant son bois et ses cordes. C’est l’instrument destitué mais vivant, libre des gestes et des postures du piano de concert, libre du tempérament et de la forme classique, en même temps électronique et acoustique, analogique et digital. Celle qui en joue fut pianiste et l’est encore mais en un sens qui reste à inventer. Elle interprétait, maintenant elle génère et produit.

Un piano ne peut être ce qu’il est, un instrument de musique, qu’au milieu d’un écosystème complexe et évolutif fait d’interprètes et de compositeurs, d’accordeurs et de fabricants, de maisons de disque et de salles de concerts, d’amateurs de musique et de critiques plus ou moins accommodants, de festivals et d’éditeurs, d’agents et d’ingénieurs du son, etc. Sans cet ensemble aux limites incertaines et dans lequel il y a autant d’humains que d’objets, de médias, de lieux et d’inventions techniques, il n’y aurait pas de piano au sens où on l’entend depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle. Si le piano était resté seul, il aurait rejoint le musée des instruments oubliés, ceux qui n’ont pas su capter l’attention des compositeurs, le désir des interprètes, l’intérêt des facteurs et le goût du public. C’est (aussi) l’histoire de cet écosystème que ce spectacle raconte.

Bastien Gallet

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