Lucile Richardot, Stefan Cifolelli, Het collectief

Samedi 16 mars ı 18:00
Auditorium Rainier III
Before
10H - 13H – MASTERCLASS - Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice, salle Berlioz
10H - 13H – MASTERCLASS - Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice, salle Berlioz

avec Henri Demarquette, violoncelle

16H30 – CONFÉRENCE – Auditorium Rainier III
16H30 – CONFÉRENCE – Auditorium Rainier III
Les « Before » et « After » sont réservés aux détenteurs d’un billet de concert

« La Terre selon Gustav Mahler » avec Jean Castellini, musicologue

18H – CONCERT - Auditorium Rainier III
<p>Lucile Richardot, mezzo-soprano<br />
Stefan Cifolelli, ténor<br />
Het Collectief<br />
Gregor Mayrhofer, direction</p>
<p>Lucile Richardot, mezzo-soprano<br />
Stefan Cifolelli, ténor<br />
Het Collectief<br />
Gregor Mayrhofer, direction</p>
<p>Lucile Richardot, mezzo-soprano<br />
Stefan Cifolelli, ténor<br />
Het Collectief<br />
Gregor Mayrhofer, direction</p>
1h10 sans entracte

Lucile Richardot, mezzo-soprano
Stefan Cifolelli, ténor
Het Collectief
Gregor Mayrhofer, direction

Wibert Aerts, violon*
Vincent Hepp, violon & alto*
Veronika Lenartova, alto
Martijn Vink, violoncelle*
Jonathan Focquaert, contrebasse
Toon Fret, flûte
Louis Baumann, hautbois & cor anglais
Julien Hervé, clarinette
Nele Delafonteyne, clarinette (basse)
Pieter Nuytten, basson & contre-basson
Eliz Erkalp, cor
Astrid Haring, harpe
Thomas Dieltjens, piano*
Annelies Focquaert, harmonium
Miguel Sanchez Cobo, percussion
*jouent dans le Quatuor en la mineur

Gustav Mahler (1860-1911)
Quatuor pour piano et cordes en la mineur

Nicht zu schnell

Das Lied von der Erde (Le Chant de la Terre)
(version de chambre, transcription de Reinbert de Leeuw)

1. Das Trinklied vom Jammer der Erde
(La Chanson à boire de la douleur de la Terre)
2. Der Einsame im Herbst (Le Solitaire en automne)
3. Von der Jugend (De la jeunesse)
4. Von der Schönheit (De la beauté)
5. Der Trunkene im Frühling (L’Ivrogne au printemps)
6. Der Abschied (L’Adieu)

Le Het Collectief, Lucile Richardot et Stefan Cifolelli interprètent la version pour orchestre de chambre du Chant de la Terre réalisée par Reinbert de Leeuw, une partition intime et concentrée qui communique autrement le message de l’œuvre de Gustav Mahler.

Tarifs concert
PLEIN TARIF :
30
PACK 4 CONCERTS ET + -25% :
23
-25 ans :
Gratuit*
*Entrée libre sur réservation

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De manière générale, le tarif de nuit est applicable à partir de 19h : 0,70€ de l’heure*

Sauf pour certains évènements pour lesquels le forfait Spectacle "Festival Printemps des Arts" s’applique.

* Sous réserve de modifications

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Gustav Mahler est né au siècle de la photographie. Depuis les premiers portraits de l’enfant d’Iglau (Jihlava) jusqu’aux derniers clichés pris sur le paquebot qui ramène vers l’Europe le compositeur malade où l’attend la mort, c’est toute la vie de Mahler qui défile sous nos yeux. Ainsi ce portrait du jeune homme pressé pris vers 1881, quelques années seulement après sa sortie du Conservatoire de Vienne, période dont seul subsiste l’unique mouvement de son Quatuor pour piano et cordes, écrit vraisemblablement en 1876. Mais ce ne sont pas les photos officielles, avec leurs poses trop composées et leurs sourires convenus, qui retiennent le plus l’attention. Celles prises dans l’intimité familiale nous touchent bien davantage. Parmi elles, il en est une qui me revient à chacune des auditions de Das Lied von der Erde, particulièrement dans la version chambriste de Reinbert de Leeuw. Il s’agit d’une photographie prise au cours de l’été 1905 à Maiernigg, cette propriété sur les rives du Wörthersee, où Mahler trouva, durant plusieurs saisons, son accomplissement. Face à l’objectif, il pose avec ses deux filles : Maria l’aînée, dite Putzi, fillette aux cheveux noirs de jais et sa cadette la blonde Anna, surnommée Gucki, qui semblait être appelée à devenir l’image de leur mère, Alma. Dans de vaporeuses robes blanches, les deux enfants rassurées par les bras paternels ont une expression à la fois intimidée et espiègle. Le visage de Mahler quant à lui émerge, encadré de ces deux petits visages juvéniles, étonnamment serein. Derrière ses fameuses lunettes cerclées, on devine son regard apaisé, impression que souligne un sourire que rien ne vient forcer. Superbe instant de tendresse incarnée.

Or on sait combien le bonheur est fugace : deux ans plus tard, Putzi était emportée par une scarlatine-diphtérie. Ce funeste 11 juillet 1907, la mort avait arraché à Mahler celle de ses deux enfants qui lui ressemblait le plus : « Elle était tout à fait sa fille, dira Alma. Il ne lui a pas été accordé de vivre longtemps mais il devait en être ainsi, elle devait être pendant quelques années sa joie et cela a en soi une valeur d’éternité. » À l’épreuve de ce deuil cruel s’ajouta pour Mahler celle du diagnostic d’une malformation cardiaque qui devait le priver de ses grands plaisirs d’été : les courses en montagne, la natation dans les lacs alpestres. Désormais c’est donc uniquement par un travail intérieur que Mahler parviendra à retrouver « le chemin de lui-même. »

En juin 1908, à Toblach, dans les montagnes du Tyrol du Sud, il se réfugie dans la solitude de son Häuschen, cette petite cabane construite au milieu de la nature, pour chercher à surmonter l’anxiété et retrouver, après la crise, l’inspiration qui l’avait momentanément abandonné. Grand lecteur, Mahler trouva dans un petit livre, Die chinesische Flöte (La Flûte chinoise), cadeau de son ami Theobald Pollak, le reflet de son état d’esprit. Cette petite anthologie constituée par Hans Bethge réunit des poèmes chinois des VIIe et VIIIe siècles, puisés dans divers recueils existants en français ou en allemand, et témoigne de la vogue pour l’orientalisme qui, depuis les dernières décennies du XIXe siècle, s’était imposée comme un phénomène européen. La poésie orientale trouvera une résonance particulière dans la mélancolie du compositeur, oscillant entre lassitude de l’existence et aspiration au repos éternel : « Sombre est la vie, sombre la mort ! » répète le premier lied quand le dernier affirme : « Partout, l’horizon sera bleu, éternellement, éternellement. »

En 1920, Arnold Schönberg fut le premier à donner, pour la Société d’exécutions musicales privées de Vienne, une version pour ténor, baryton et treize instrumentistes de Das Lied von der Erde, signant par là même son admiration pour Mahler. À son tour, Reinbert de Leeuw a proposé sa vision personnelle du Chant de la Terre fondée sur l’effectif schönbergien, tout en conservant certains instruments essentiels selon lui pour l’identité de l’œuvre – le contrebasson aux sonorités sombres pour le début d’Abschied par exemple ou la harpe qui exprime si bien le sentiment d’éternité. Ici, la perte de la puissance orchestrale est compensée par un équilibre subtil entre les instruments et les voix solistes, qui favorise une liaison plus intime encore du mot et de la musique, engageant l’auditeur dans une écoute plus concentrée.

Je conserve un souvenir ému de la première exécution en France de cette version de Das Lied par le Het Collectief, Lucile Richardot et Yves Saelens en solistes dirigés par Reinbert de Leeuw, au Festival de Saintes 2019. L’année suivante, les mêmes artistes sont venus donner l’oeuvre au Festival de Royaumont. Reinbert de Leeuw s’était éteint depuis quelques mois, mais il avait eu la force de mener à bien l’enregistrement de l’oeuvre dont il semblait avoir totalement intégré le message. C’est le jeune Gregor Mayrhofer qui le remplaçait alors dans une parfaite filiation. Entouré des musiciens du Het Collectief et des solistes pleinement investis, il parvenait à restituer toute l’intensité de cette partition qui porte non pas le chant d’un adieu mais plutôt celui d’un éternel renouveau et dans lequel se reflète le regard de Putzi.

Thomas Vernet

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